Christian Mouillon : les contrôles comptables automatisés comme garanties

Ancien Vice-Président d'EY, Christian Mouillon possède une expérience significative dans le secteur financier et particulièrement dans l'audit.
Anna Vlchek |
3 décembre 2024

1. Pourriez-vous décrire votre parcours professionnel ?

J'ai passé ma carrière chez EY, qui est une entreprise de services professionnels. En tant qu'auditeur, j'ai travaillé pendant de nombreuses années comme commissaire aux comptes pour de grandes entreprises, notamment des sociétés du CAC 40 dans divers secteurs. J'ai également occupé des fonctions internes au sein d'EY en tant que Vice-Président pendant environ quinze ans. J'ai simultanément dirigé les départements d'audit et de conseil. Plus tard, une fois l'audit et le conseil séparés, j'ai dirigé l'audit, notamment après la crise financière de 2008, et j'ai terminé ma carrière en tant que Vice-Président. Là, j'ai supervisé la gestion des risques au niveau mondial. Maintenant, je suis retraité d'EY et j'occupe des postes d'administrateur dans diverses sociétés cotées et non cotées.

2. Comment l'industrie a-t-elle évolué, et quelle est votre situation actuelle ?

L'audit est une fonction essentielle pour les entreprises. Pour beaucoup d'entre elles, l'accès au marché financier nécessitera forcément d'avoir des comptes audités et certifiés, ce qui n'exclut pas des réserves. La difficulté réside dans la nature subjective des comptes et l'utilisation d'estimations qui rendent souvent l'analyse difficile. Cependant, la puissance des systèmes ERP a amélioré la qualité de l'information comptable avec la numérisation de la fonction finance. Le risque qui demeure pour les auditeurs est la manipulation des comptes par les responsables et la collusion des employés qui peuvent commettre des fraudes souvent détectées tardivement. La deuxième évolution concerne les complexités des affaires. L'industrie de l'audit a longtemps été manuelle et basée sur des sondages, et n'a pas profité de la puissance de la technologie et de l'analyse pour automatiser l'exécution et accroître la fiabilité. Aujourd'hui, le secteur a évolué, et les outils technologiques prennent le relais pour rendre les données plus automatiques mais surtout, plus fiables.

3. Quel est l'impact de la crise mondiale causée par le Covid-19 sur les entreprises ?

Je dirais que les entreprises ont plutôt bien résisté et nous pouvons le constater dans leurs résultats financiers. Les entreprises, en général, ont fait preuve de résilience et ont su s'adapter, notamment en tirant les leçons de la précédente crise économique. En plus du soutien gouvernemental, les entreprises ont connu un impact moindre et n'ont pas suspendu leurs investissements. Les entreprises ont dû s'adapter en numérisant leurs solutions de gestion et en faisant du télétravail une norme. Cependant, dans les domaines du risque et du contrôle interne, changer l'organisation peut créer des risques, notamment en termes de fraude. En effet, ces perturbations et changements organisationnels ont pu affaiblir le contrôle des risques et l'efficacité du contrôle interne, et il est important d'y porter une attention particulière dans ce contexte.

4. Quelle est votre vision de l'avenir de l'audit ?

L'auditeur ne disparaîtra pas. Cependant, il doit continuellement s'adapter. L'auditeur doit certifier les comptes, non détecter les fraudes, ce que le marché des investisseurs tend à rechercher. Il est nécessaire que l'audit aille plus loin et réponde aux attentes des parties prenantes en identifiant les risques de manière concrète. La grande différence entre l'audit du 20e siècle et celui d'aujourd'hui est l'exhaustivité des systèmes comptables, l'ERP, l'approche manuelle devenue automatisée et la capacité d'investigation. L'audit devra évoluer avec plus de technologie afin de fournir des garanties plus solides aux entreprises. L'industrie aura certainement tendance à s'appuyer moins sur les forces humaines en faveur de la technologie qui est souvent considérée comme plus fiable. L'automatisation des contrôles permettra en effet à l'intelligence humaine de se concentrer davantage sur des questions complexes nécessitant un jugement pour évaluer les situations. La combinaison des deux améliorera la qualité des comptes.
"L'automatisation des contrôles deviendra de plus en plus importante dans la fonction financière, car les attentes augmentent concernant les systèmes de contrôle interne"
L'avantage des contrôles comptables automatisés est qu'ils fournissent plus de garanties et d'assurance aux différentes parties prenantes de manière plus régulière et plus rapide, plutôt que d'attendre la certification annuelle des comptes. Il y a un véritable phénomène d'accélération et de standardisation du contrôle comptable qui peut donner plus de garanties au marché.

5. Quel est votre rôle au sein de Supervizor ?

Je connaissais l'un des fondateurs d'EY. Nous avons observé le développement d'outils dans le secteur et cherché des solutions en même temps que j'engageais EY dans une révolution stratégique pour une meilleure utilisation de la technologie. Nous avons développé une technologie unique et j'ai hérité du rôle de conseiller pour valider leur feuille de route stratégique. Je croyais que la numérisation de l'audit automatisé se renforçait d'année en année. J'ai donc toujours encouragé les fondateurs, car je savais qu'il y avait une opportunité et, surtout, un besoin à satisfaire par les entreprises. Quand j'ai quitté EY, notre collaboration a continué afin de développer le produit et la stratégie commerciale. Au fil du temps, mon implication a grandi, et plus qu'un conseiller, je suis devenu un investisseur, pour soutenir l'entreprise financièrement et avec mon expertise...

6. Pourquoi avez-vous choisi d'accompagner Supervizor ?

J'ai accepté ce rôle parce que j'ai compris l'offre et la demande. J'étais, et je suis toujours, convaincu que le produit répond à un réel besoin sur le marché. J'ai appris à connaître les fondateurs et leurs réalisations, ce qui a renforcé ma décision de les accompagner dans cette aventure. Supervizor est un plus pour accélérer le contrôle comptable à distance, et pour contrôler de manière beaucoup plus efficace la comptabilité. Pour les auditeurs internes, disposer d'un outil de ce type est un facteur qui permettra au système de contrôle externe et interne d'avoir de meilleurs résultats. Pour les directeurs financiers et comptables, l'outil garantit une meilleure fiabilité de la production comptable. Ce que j'apprécie chez Supervizor, c'est l'enrichissement continu de la base de données de contrôle. C'est un point essentiel pour les personnes qui effectuent le contrôle et pour celles qui le supervisent.

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